A
l’heure où de nombreux média pointent une carence des corrections
apportées aux ouvrages publiés, y compris dans les grosses maisons
d’édition, il nous a semblé important de rendre visible un travail qui,
s’il est effectué correctement, est invisible. Un correcteur corrige les
fautes certes, mais pas que…
Véronique Brésil,
qui coordonne le pôle correction d’iPagination éditions depuis le début
de l’année 2013, vous fait part de 12 points capitaux à prendre en
compte pour assurer un travail de qualité.
Correcteur : plus qu’un métier, une vocation
1) Un correcteur corrige les fautes
Cela
coule de source et il s’agit du minimum syndical. Le correcteur
maîtrise la plupart des règles régissant la langue utilisée
(orthographe, conjugaison, syntaxe…).
2) Un correcteur s’appuie sur des outils, mais aussi sur des « doublures »
Au
moindre doute, il consultera un ou plusieurs dictionnaires et/ou un
Bescherelle et/ou un dictionnaire des synonymes. Toutefois, l’œil se
fatigue à la longue et finit par ne plus voir les fautes. Il est donc
recommandé de faire appel à plusieurs correcteurs, l’idéal étant de
couvrir l’ouvrage par trois correcteurs. Les doublures s’attacheront à
chasser les dernières scories orthotypographiques ou syntaxiques qui
pourraient subsister. Ce dispositif est toutefois très rarement
appliqué.
3) Un correcteur travaille autant sur les signes que sur les blancs
C’est
pourquoi la taille d’un texte s’exprime en nombre de caractères,
espaces comprises (sous Word, cliquer sur « outils » puis sur
« statistiques »).
En
effet, il existe des espaces particulières nommées « espaces
insécables ». Si elles sont correctement placées, aucune ligne ne
commencera par un point d’interrogation, ni par un point virgule, ni par
un point d’exclamation… et aucune ligne ne se terminera par des
guillemets ouvrants. Par défaut, les traitements de texte utilisent ces
espaces mais dans le cas d’une modification de texte, il est fréquent
que de telles espaces soient supprimées. Le correcteur veille donc à les
rétablir au niveau de chaque signe de ponctuation.
4) Correcteur : plus qu’un métier, une vocation
Un
correcteur est par nature méticuleux, observateur, exigeant et
persévérant. Il sait et aime travailler dans l’ombre. Son travail est
ingrat, peu sujet à la reconnaissance et difficile à mettre en avant car
si le lecteur remarque trop d’erreurs, c’est que l’intervention du
correcteur n’est pas finalisée. C’est pourquoi le correcteur se fie au
célèbre adage de Boileau : « Cent fois sur le métier remettez votre
ouvrage. » Un correcteur passe plusieurs fois sur le même texte. Le
premier passage reste cependant le plus efficace.
5) Un correcteur est une personne, non un programme
L’auteur
aussi ! Le correcteur garde à l’esprit que derrière chaque œuvre se
trouve quelqu’un, avec ses espoirs, ses doutes, ses douleurs et ses
émotions. Il est plus que souhaitable qu’une relation réciproque basée
sur l’écoute, les échanges et la confiance se tisse entre les deux
parties. Dans le cas d’une pluralité de correcteurs, il y aura un seul
correcteur référent.
6) Un correcteur accompagne l’auteur
Bien
souvent, l’auteur attend une simple correction orthographique de son
manuscrit. C’est au correcteur de faire entrevoir à l’auteur, à l’aide
d’exemples et de suggestions, une possibilité d’accompagnement pour
amender et finaliser son projet d’écriture. L’expérience montre que les
auteurs sont très friands de ce type d’accompagnement.
7) Un correcteur se met à la place du lecteur
Voilà
une casquette que l’auteur ne peut plus endosser. De son texte il
connaît tout, les tenants et les aboutissants. Seul un regard neuf peut
mettre en évidence les passages susceptibles de diluer l’attention, la
compréhension et l’intérêt du lecteur.
8) Un correcteur éprouve la solidité de l’œuvre et de son auteur
C’est
l’épreuve du feu ! Questions et remarques fusent : « De qui
parle-t-on ? », « Est-ce bien cela que tu veux dire ? », « Pourquoi
telle personne se trouve à tel endroit ? », « Il y a des répétitions,
pourrais-tu varier le vocabulaire ? », « C’est trop long, c’est trop
court, c’est incompréhensible », « Faut-il évoquer cette affaire
maintenant ? », « Est-ce vraiment nécessaire ? »…
Un auteur capable de défendre ses positions tout en sachant se remettre en question est un auteur prêt à être publié.
9) Un correcteur n’est pas un coauteur
S’il
est vrai que le correcteur élimine les fautes d’orthographe et de
typographie sans forcément en référer à l’auteur, il n’en est pas de
même dès qu’il s’agit de reformuler une expression. Le correcteur peut
suggérer une ou plusieurs alternatives mais en tout état de cause, le
correcteur propose, l’auteur dispose. Cependant, les discussions qui
naissent de part et d’autre enrichissent les deux parties, une idée en
amenant une autre et encore une autre. Cette synergie, qui prend sa
source au cœur de l’œuvre et qui découle de la relation très
particulière existant entre l’auteur, le correcteur et le texte, procure
au correcteur une satisfaction infinie.
Il
arrive qu’un auteur laisse carte blanche à son correcteur. Dans ce cas,
l’exercice évolue et s’apparente à de la coécriture. Il est toutefois
indispensable que les deux protagonistes s’entendent bien sur les
nouvelles modalités à donner à leurs contributions respectives.
10) Un correcteur aide l’auteur à se détacher de son œuvre
La
relation triangulaire entre auteur, correcteur et texte est une étape
nécessaire et nécessairement transitoire avant l’envolée du bébé à
savoir, la transmission définitive du manuscrit à l’imprimeur. Cette
phase n’est pas toujours évidente à vivre pour l’auteur qui doit faire
le deuil de cette relation exclusive et accaparante avec son ouvrage. A
ce stade, l’accompagnement humain est primordial pour faire face au
doute et au vide. Rester disponible pour écouter, entourer et rassurer
est essentiel pour le bien-être de l’auteur.
Il n’est d’ailleurs pas rare qu’à l’occasion de la correction d’un
ouvrage ultérieur, auteur et correcteur référent remettent le couvert.
11) Un correcteur est gardien du texte de l’auteur
Jusqu’à la publication, le correcteur est tenu à la confidentialité.
12) Un correcteur s’efforce d’optimiser la rencontre entre l’auteur et ses lecteurs
Eliminer
les fautes, veiller à la fluidité des expressions, des idées et du
scénario et préparer l’auteur à répondre présent face à un lectorat
enthousiaste ou critique représentent les trois étapes clés pour un
rendez-vous réussi.
Pour
toute information complémentaire, n’hésitez pas à me solliciter directement en précisant votre adresse mail. Merci.
veronique.bresil@yahoo.fr
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